Nous intervenons dans tout conflit familial

Interview France-Antilles 31/10/2011

Créée par un groupe de femmes, l’Association de médiation et d’accompagnement familial (AMAF) est une structure proposant médiation familiale et activités de parentalité. Marie-Jeanne Quinol, Jackie Joseph et Suzelle Sablon, trois des médiatrices, détaillent les objectifs de l’association.

Qu’est-ce que l’Amaf et comment a-elle été créée ?

Nous sommes six médiatrices de la même promotion et habitons majoritairement dans le même secteur (Saint-François/Sainte-Anne). Comme nous nous entendons bien, nous avons décidé de monter ensemble une association, sitôt notre diplôme d’État de médiation familiale en poche. Formation que nous avons préparée à l’Université des Antilles et de la Guyane.

L’Association de médiation et d’accompagnement familial (Amaf) est une structure loi 1901 qui vise l’accompagnement des familles par deux secteurs : la médiation familiale proprement dite et les activités de parentalité.

Comment s’effectue le recours à la médiation familiale ? Dans quels cas intervenez-vous ?

Deux modalités sont possibles : la personne vient d’elle-même ou la médiation est ordonnée par le juge des affaires familiales. Nous intervenons dans tous les conflits familiaux, rupture des liens parents/enfants, ou quand ces derniers sont mis à mal sur le plan psychologique… Il peut s’agir aussi de familles recomposées, de grands-parents mis à l’écart de leurs petits-enfants ou de médiation scolaire (offre aux parents de les accompagner lors de réunion parents/professeurs).

N’y-a-t-il pas certaines réticences à l’idée de recourir à un tiers ?

Généralement, la première fois, les personnes viennent l’une après l’autre. La première prend les renseignements et informe l’autre dans le cas où ils sont en bons termes. Sinon, il peut demander à ce qu’on l’invite à venir en médiation. Ça dépend des personnes, du conflit et de ce que veulent les deux protagonistes. Les médiatrices feront la médiation, les groupes de parole mais aussi les rencontres « médiatisées » dans un lieu neutre dans les cas difficiles. Un psychologue travaille avec nous. En lien avec l’animateur, il peut aussi proposer aux parents un rendez-vous.

Quel est le rôle du médiateur ?

Dans les médiations, nous prenons toujours en compte les objectifs, les intérêts et les besoins, que ce soit ceux des parents ou des enfants. Le médiateur reste neutre, ne prend pas parti et a connaissance du conflit puisque que chacun aura donné sa version. Avec le médiateur, les personnes livrent les différents éléments et nous voyons selon l’urgence de ceux-ci. Cela peut concerner, par exemple, la résidence, le droit de visite, les frais de scolarité, la pension alimentaire… Nous écoutons et pouvons demander des éléments objectifs, tels que les fiches de paie. À partir d’éléments tangibles, le travail de médiation peut commencer. Et cela donne aussi une lisibilité des besoins : ce que l’un demande et ce que l’autre peut donner. Nos actions sont menées en contexte. Enfin, nous avons aussi la possibilité d’orienter vers d’autres professionnels, comme le conseiller conjugal, le psychologue… Un bon médiateur doit savoir dire « Là, ce n’est pas mon domaine » .

Les adolescents et les enfants peuvent-ils aussi faire l’objet de médiation ?

Souvent, les jeunes sont en conflit avec leurs parents. Il s’agit pour nous de les amener à reconnaître leur autorité. Cependant, les enfants ne sont pas des objets, donc ils doivent être écoutés dans leur souffrance. Les parents doivent entendre que l’enfant peut ne pas aller bien. Ce média-là leur fait du bien et leur permet de réajuster leur comportement, en fonction des difficultés de la vie. S’agissant de la médiation, le coût est calculé en fonction des revenus des parents.

Quelles sont les activités de parentalité que vous proposez ?

Dans le cas de séparation, les personnes peuvent se retrouver isolées, sans oublier le poids du regard de l’autre. D’où l’idée que nous avons eue de les accompagner pour les aider à passer le cap du « nous » au « je » . Les activités de parentalité nous ont semblé propices au passage à la nouvelle configuration. Même quand tout va bien, les personnes intéressées peuvent aussi prendre part aux activités. Nous désirons aider les familles à s’épanouir. Nous proposons des ateliers d’artisanat, conte-théâtre, informatique, écriture, couture et ka. Mais aussi de l’aide aux devoirs et un système de garderie « en attendant les parents » , au cours duquel nous faisons de la lecture, de la musique… Les coûts des ateliers varient entre 10 et 30 euros. Pour toute participation aux ateliers, il faut compter une adhésion par an et par famille à hauteur de 30 euros.

Et qu’en est-il des groupes de parole ?

Nous assurons la confidentialité et insistons sur la ponctualité. Nous demandons aux personnes les thèmes qu’elles souhaiteraient évoquer et selon quelle priorité. Lors des séances, l’animateur ne donne pas de consignes. Chacun dit ce qu’il souhaite, mais l’animateur est là pour guider et recentrer. Nous incitons aussi les plus silencieux à faire part de leur opinion. Il y a des groupes de paroles pour les jeunes et pour les parents. Les groupes de parole sont gratuits.

Quelles sont les autres perspectives que vous envisagez ?

Un vendredi soir par mois, nous proposerons « Kozé an tout sos » sur la place Marie Chipotel, juste en face. Cette animation pourra inclure les jeunes oisifs et les familles pourront venir. Il y aura du théâtre de rue, du slam… Nous souhaitons quelque chose de convivial. Dans le cas où il n’y aura pas d’animation, nous proposerons de parler d’un thème. Nous désirons animer le quartier de Douville par du sport en plein air. Faire une marche puis quelques mouvements sur la place. Nous voulons opérer un maillage, faire en sorte que les gens se parlent et se refréquentent. Enfin, nous sommes en quête de subventions. Nous avons déposé des dossiers un peu partout, mais pour l’instant, c’est avec nos fonds investis que nous avons commencé. Nous avons besoin d’aide pour notre association d’utilité publique.

Les propos de cet interview ont été recueillis par Déborah MATHEY, du journal France-Antilles, le 31 Octobre 2011

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